Les premiers mois du poulain : gestion de son alimentation

Vous rêviez de faire naître votre poulain depuis longtemps… Ça y est, le poulinage s’est bien passé, la mère et son petit sont en bonne santé, et vous tombez sous le charme de ce petit être qui vient de pointer le bout de son nez ! 

Vous vous êtes sûrement questionné sur l’alimentation de votre jument lorsque vous avez fait le choix de la mettre à la reproduction, mais celle du poulain est tout aussi importante. Si le lait maternel nourrira en grande majorité le poulain lors de ses premiers mois de vie, une bonne connaissance de ses besoins nutritionnels est indispensable pour sa santé, sa croissance et son développement. 

Sommaire

I. Croissance et alimentation du poulain : ce qu'il faut savoir.

1. Les 3 premiers mois.
2. De 3 mois jusqu'au sevrage.
3. Au sevrage.

II. Les besoins nutritionnels du poulain.

1. Les besoins quantitatifs.
2. Les besoins qualitatifs.
   > Protéines (MADC = matières azotées digestibles cheval).
   > Vitamines et minéraux. 

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I. Croissance et alimentation du poulain : ce qu'il faut savoir. 

1. Les 3 premiers mois.

Quand il naît, un poulain de type selle pèse environ 50kg. Sa croissance, pendant les 6 premiers mois, est cruciale puisqu’il devra peser, à 6 mois, pas moins de 250 kg, c’est-à-dire 40 à 50% de son poids à l’âge adulte. En d’autres termes, il va prendre en moyenne 1kg par jour tout au long de cette période. Cependant, la croissance varie au fil des mois : le poulain gagnera 1,5 kg par jour pendant les 3 premiers mois, puis 500g par jour pendant les 3 mois suivants. 

Chronologiquement, ce sont les tissus nerveux qui vont se développer en premier, suivis des tissus osseux, et enfin, des muscles et de la masse graisseuse. 

Durant ses 3 premiers mois de vie, c’est le lait maternel qui constitue la majorité des apports nutritionnels du nouveau-né. C’est à cette période que la jument va atteindre son pic de lactation, pour permettre à son poulain de grandir et de se développer dans les meilleures conditions. 

Il est fréquent de voir des éleveurs complémenter leurs foals avec un aliment adapté à leur âge pour accélérer leur vitesse de croissance, dans le cadre de préparation aux concours de foals ou aux entraînements/courses à l’âge de 2 ans. 

Attention : les excès (au même titre que les carences) peuvent être dangereux pour les poulains, notamment si les apports en amidon (principalement présents dans les céréales) et en sucres (présent dans l’herbe bien verte des prairies au printemps) sont importants. 

2. De 3 mois jusqu'au sevrage.

Quand son poulain arrive à l’âge de 3 mois, la jument va progressivement diminuer sa production de lait. Le nouveau-né va de ce fait commencer à manger des aliments solides : herbe, foin, et éventuellement un complément. Son indice de consommation augmente au fil des mois : pour prendre 1 kg, il a besoin d’environ 8,5 kg de lait maternel à l’âge d’un mois, et à 5 mois, il lui faudrait 32 kg de lait, d’où le réel besoin d’ingérer les aliments solides. 

À cet âge, les poulains sont généralement complémentés dans 2 cas : pour accroître leur croissance, dans le but d’être présentés à des ventes/concours de foals, ou bien pour débuter progressivement la transition alimentaire qui aura lieu lors du sevrage. Si vous complémentez votre poulain en amont du sevrage, veillez à conserver le même aliment pendant et à la suite du sevrage. Il pourra éventuellement être changé au cours de l’hiver. En effet, les pertes d’état liées au stress et à l’arrêt de l’ingestion du lait maternel sont fréquentes. Au départ, distribuez 1 à 1,5 kg/poulain/jour, puis ajoutez 0,5 kg/mois d'âge pour arriver à 2,5 à 3 kg au sevrage.

Si vous ne complémentez pas votre poulain avec un aliment spécifique, pensez à lui donner un CMV (complément en minéraux et vitamines), qui couvrira les apports nécessaires en zinc, cuivre, calcium, en sélénium et vitamines. 

3. Au sevrage.

Lors du sevrage, le poulain devra avoir un accès illimité à l’herbe ou au fourrage. Si vous l’avez complémenté sous la mère, poursuivez en adaptant les quantités, l’idéal étant de fractionner les repas en 3 fois par jour. Veillez à distribuer l’aliment pour le poulain dans une auge séparée de celle de la mère pour éviter qu’elle ne mange le repas de ce dernier. 

Pour un poulain destiné au sport/loisir (avec un débourrage prévu à 3 ans ou plus tard), on compte en moyenne 5 à 6 kg de foin par jour. Le fourrage devra être de bonne qualité, les quantités d’ingestion étant encore assez faibles à cet âge. 

II. Les besoins nutritionnels du poulain, de 0 à 6 mois. 

1. Les besoins quantitatifs.

Pour un cheval de selle d’environ 550 kg à l’âge adulte, selon les tables proposées par l’INRA, l’IFCE recommande des apports tels que : 

> Entre 0 et 2 mois :

• 0,039 UFC à 0,044 UFC/kg PV
• 4 à 4,5 g de MADC/kg de PV (pour des croissances de 1200 à 1500 g/jour)

> Entre 3 et 6 mois :

• 0,023 à 0,024  UFC/Kg PV
• 2,4 à 2,6 g de MADC/Kg de PV (pour des croissances de 750 à 1000g/j)

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UFC = unité fourragère cheval, il s’agit de l’apport énergétique.
MADC = matière azotée digestible cheval, il s’agit de l’apport en protéines. 
PV = poids vif.

2. Les besoins qualitatifs.

• Les protéines de qualité sont indispensables à la croissance et au développement du poulain. La lysine, en particulier, est un composant crucial des protéines, qui aide les tissus de l'organisme à croître et à se régénérer. L'organisme équin a besoin de lysine pour fonctionner normalement, et le cheval est incapable de la synthétiser seul. Les recommandations de l’IFCE concernant les besoins du poulain en lysine sont les suivants :

- De 3 à 6 mois : 0,054 % du besoin en MADC
- De 6 à 12 mois : 0,087 %
- Au-delà : 0,105 % du besoin en MADC

• Les vitamines et minéraux : 

> Le calcium et le phosphore interagissent lors de leur absorption, il est donc conseillé de ne pas surdoser les apports en phosphore (le risque est principalement présent dans les rations céréalières à base d’orge, d’avoine, son de blé, …). Le rapport Ca/P idéal est de 1,8 pour un poulain en croissance. Veillez à ne pas dépasser un déséquilibre du rapport Ca/P de 2 pour éviter tout risque d’ostéochondrose. 

> Le cuivre : un déficit en cuivre pourra avoir pour conséquence l’apparition de lésions ostéo-articulaires. D’après l’IFCE, “les recherches récentes montrent qu'une teneur minimum de 15 ppm (partie par millions) dans la ration est nécessaire, soit 1 mg de Cu/ kg d'aliment sec.”

> Le fer : il est recommandé de donner 50 mg par kg de matière sèche ingérée. 

> Tout comme le cuivre, le zinc est nécessaire au développement osseux. L’IFCE recommande un rapport Zn/Cu dans la ration toujours voisin de 5.

> Le sélénium (tout comme la vitamine E) est un puissant antioxydant. Les carences en sélénium peuvent avoir pour conséquence la maladie du muscle blanc chez le poulain : elle est caractérisée par des raideurs et des troubles cardiorespiratoires. Le pronostic vital est fréquemment engagé dans les cas d’atteinte cardiaque. 

> Les vitamines A, D et E sont essentielles : elles interviennent dans la croissance du poulain et le développement de son squelette. 

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Une alimentation adaptée à votre poulain est indispensable à son bon développement dans toutes les phases de sa croissance. 

N’hésitez pas à consulter votre vétérinaire ou un nutritionniste pour évaluer les besoins nutritionnels précis de votre poulain en fonction de sa race, son âge, son mode de vie, l’état de santé général de sa mère pendant la gestation et la lactation, etc.

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