Faire un poulain, combien ça coûte ?
29/08/2023Quel que soit votre projet d’élevage, votre profil d’éleveur, vous vous êtes sûrement déjà posé la question suivante : combien ça coûte, de faire un poulain ? Bien sûr, chaque éleveur y répondra de manière individuelle en fonction de sa structure, de son système (ou de l’absence de système !), du nombre de juments, et de bien d’autres éléments, mais on a tenté, à travers cet article, de vous présenter et de chiffrer la globalité des coûts liés à la production d’un poulain.
Sommaire
I. Les principaux postes de dépenses dans la production d'un poulain.
2. Les frais techniques/frais de récolte et l'envoi des doses de semence au centre de mise en place.
3. Les frais de mise en place de la semence.
4. Les frais d'entretien pendant la gestation de votre jument.
5. Les frais liés au poulinage et aux 6 premiers mois de vie du poulain.
6. Si vous souhaitez vendre votre poulain valorisé à l'âge de 4 ans.
II. Récapitulatif des coûts de production d'un poulain.
1. La saillie.
3. Le poulinage et les 6 premiers mois de vie du poulain.
4. De 6 mois à 3 ans de vie du poulain.
5. Le débourrage et la valorisation.
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I. Les principaux postes de dépenses dans la production d’un poulain.
Dans cet article, nous avons fait le choix d’exclure les éléments tels que : l’entretien et l’amortissement de la structure d’élevage, les charges sociales, les rémunérations de personnel, les travaux d’équipement, qui peuvent varier du simple au centuple en fonction des infrastructures et de la taille de l’élevage.
Indépendamment de cela, de nombreux éléments entrent en compte dans la production d’un poulain. En fonction de votre budget, de votre région, de la qualité des services proposés, les prix pratiqués peuvent varier. Néanmoins, il est possible de regrouper les postes de dépenses :
1. Le prix de la saillie.
Le prix de la saillie peut considérablement varier en fonction de vos attentes : si vous souhaitez vous offrir une saillie de stars telles que Mylord Carthago ou Glamourdale, comptez entre 2500 et 3000€. Un étalon plus orienté équitation de loisir vous coûtera moins cher (comptez 500€ environ), mais pour un étalon de sport, la moyenne se situe autour de 1000€. Bien sûr, la saillie d’un étalon “maison” dont vous êtes propriétaire ne vous coûtera rien… en tous cas pas directement. Sachez également qu’une saillie d’un étalon poney vous coûtera moins cher que celle d’un étalon cheval.
Par ailleurs, le choix de la technique de reproduction aura un impact sur le coût final de la saillie. Généralement, les saillies en liberté et en main sont moins onéreuses que l’IART (insémination artificielle réfrigérée transportée) et l’IAC (insémination artificielle congelée), mais certains étalons (de sport notamment) ne sont disponibles qu’en insémination artificielle.
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2. Les frais techniques/frais de récolte et l’envoi des doses de semence au centre de mise en place.
En fonction de la technique choisie, les frais à prendre en compte diffèrent :
- en monte en main et en liberté, il n’y a pas de frais de fabrication de doses, ni d’envoi des doses au centre de mise en place.
- en IART (insémination artificielle réfrigérée transportée) et en IAC (insémination artificielle congelée), prévoyez en moyenne entre 250 et 350€ pour la fabrication des doses de semence, à laquelle s’ajoute l’envoi (qui dépend du lieu de stationnement de l’étalon et de votre région), qui peut également s’élever à environ 250€. Les frais de transport de la semence font généralement l’objet d’un devis pour les étalons stationnés dans un autre pays que votre centre de mise en place. Comptez donc 500€ minimum pour les frais techniques et les frais d’envoi de doses.
3. Les frais de mise en place de semence.
Une fois les doses arrivées au centre de mise en place, vous devrez prévoir :
- des frais d’insémination : selon l’IFCE, comptez entre 120 et 400€ de frais de mise en place, en fonction de la technique de monte utilisée et les tarifs appliqués par votre centre.
- le suivi gynécologique : le forfait suivi gynécologique est de l’ordre de 100€ en moyenne, mais les tarifs peuvent grimper jusqu’à 350€.
- le transport et la pension de votre jument au centre de mise en place : si votre centre de mise en place est suffisamment proche de chez vous, vous pourrez l’y laisser seulement pendant ses chaleurs. Comptez environ 100€ par chaleur en moyenne. Par contre, si le lieu d’hébergement habituel de la jument est très éloigné du centre, vous devrez peut-être l’y laisser en pension beaucoup plus longtemps. Prenons le cas où la jument prend sur la deuxième chaleur : elle sera arrivée au centre quelques jours avant la première chaleur, et ne repartira probablement qu’après les DG (diagnostics de gestation) qui suivent la deuxième chaleur, permettant de confirmer la gestation d’une part, et l’absence de jumeaux d’autre part. En tout, on arrive vite à 2 mois de pension… Les frais peuvent s’élever à 500€ pour 2 mois si la jument est au pré. Au box, les frais s’élèvent rapidement à 300€ par mois.
4. Les frais d’entretien de votre jument pendant la gestation.
Une fois encore, en fonction du type d’hébergement de votre poulinière, le montant de vos charges pendant sa gestation va varier. Cependant, la liste ci-dessous (non exhaustive) peut vous donner un aperçu des frais à prendre en compte.
- L’alimentation de votre jument (foin, compléments, CMV)
- Les vaccins
- Les parages
- Les vermifuges et/ou coproscopies
- Les frais de pension éventuels
L’alimentation de la poulinière est sans doute l’élément qui aura le plus gros impact sur les frais d’entretien. Si elle est au pré à l’année, et en bonne forme avec de l’herbe en abondance et un CMV, elle vous coûtera beaucoup moins cher qu’une jument ayant besoin d’être complémentée chaque jour avec un aliment du commerce de type “élevage” : en fonction de la marque, des quantités, des frais de transport de l’aliment, on peut assez vite avoisiner les 800€ par an en aliment. Pour avoir une idée plus précise des besoins nutritionnels de votre jument gestante, consultez notre article sur l’alimentation de la poulinière. Et n’hésitez pas à consulter votre vétérinaire ou un nutritionniste pour avoir une ration adaptée.
5. Les frais liés au poulinage et les 6 premiers mois de vie du poulain.
Le poulinage est toujours une étape importante (et potentiellement stressante) pour un éleveur. Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire ! Et même si tout semble bien se dérouler, n’hésitez pas à faire venir votre vétérinaire pour vérifier que le poulain et sa mère vont bien.
Le nouveau-né va avoir besoin de soins et il devra également être en règle administrativement parlant : le plus souvent il y a des coûts d’enregistrement au stud-book de naissance, et, pour les poulains nés en France, il vous faudra déclarer sa naissance au SIRE et faire venir votre vétérinaire pour l’élaboration de son livret d’accompagnement et la pose d’un transpondeur (le tarif dépendra de votre vétérinaire).
Pendant les 6 premiers mois de sa vie, le poulain et sa mère vont encore occasionner des frais. Pendant cette période, vous devrez :
- les vermifuger, les vacciner, les parer, faire voir la mère par votre dentiste (environ 500€)
- les nourrir (voir notre article sur L’alimentation du poulain et L’alimentation de la poulinière) et les loger.
6. Si vous souhaitez vendre votre poulain à 4 ans.
Si le processus de “création” de votre poulain vous a déjà coûté quelques billets, sachez qu’il en sera de même pour la période du sevrage jusqu’à ses 4 ans.
Voici un aperçu des postes de dépenses de 6 mois à 3 ans et demi :
- Hébergement / alimentation : En fonction du mode d’hébergement de votre poulain, les coûts pourront varier : s’il est au pré à l’année chez vous, vous aurez à prévoir au moins des CMV et du foin à volonté à certaines périodes de l’année, dépendant des régions, en fonction du manque d’herbe, sans oublier l’eau, bien sûr. Il faut en outre s’assurer qu’il puisse s’abriter de la pluie ou du soleil (abri naturel ou fabriqué). Par contre, si vous devez le mettre en pension, les frais seront évidemment plus élevés. Sur la base d’une pension pré à 150€ par mois (ce qui est plutôt dans les tarifs les moins élevés), vous aurez déjà 5400€ de frais d’hébergement à prévoir en amont du débourrage (de 6 mois à 3 ans et demi par exemple).
Attention : le mode d’hébergement du jeune cheval est un élément indispensable à prendre en compte pour son bien-être. Favorisez pour votre poulain un hébergement au pré à l’année (dans les régions où c’est possible) avec un troupeau de jeunes chevaux de son âge. Veillez surtout à ne pas le laisser seul.
- Vermifuges : ils sont à prévoir en moyenne 4 fois par an selon les régions (résistance plus ou moins grande aux vermifuges), sauf si vous effectuez des coproscopies et que les résultats sont négatifs. Prévoyez en moyenne 200€ de vermifuges pour ces 3 années.
- Vaccins : à raison d’un rappel par an (entre 40 et 80€ pour la grippe et le tétanos), on peut anticiper un budget d’environ 120 à 240€. Si vous vaccinez votre jeune cheval contre la rhinopneumonie, ajoutez 40€ par injection, c’est-à-dire 120€ la première année (2 rappels), puis 2 rappels par année (80€).
- Dentiste : à vérifier si possible chaque année. Prévoyez entre 180 et 200€.
- Parages : à prévoir toutes les 8 semaines environ. Si votre maréchal-ferrant vous facture 40€ par parage, prévoyez au minimum un budget de 700€.
Ces chiffres sont donnés à titre indicatif. Chaque praticien appliquera des tarifs différents. Par ailleurs, une blessure, un accident, ou tout autre imprévu pourrait augmenter ce budget de manière très importante.
Lors du débourrage puis en période de valorisation :
- Tous les frais liés au parage/à la ferrure, dentiste, vermifuges, vaccins resteront à votre charge.
- Si vous faites le choix de faire débourrer votre jeune cheval par un professionnel, vous ajouterez à ces frais la prestation de débourrage + l’éventuelle pension dans l’écurie dans laquelle il sera débourré. Comptez en moyenne 500€ pour 1 mois de travail (hors frais d’hébergement) pour un débourrage.
Une fois débourré, la situation dépendra, une fois encore, de vos choix, compétences, et souhaits.
- Côté hébergement, le scénario le plus économique est bien sûr, si vous en avez la possibilité, de l’héberger chez vous et d’utiliser vos installations pour son entraînement. Sinon, vous devrez prendre en compte des frais de pension.
- Enfin, se pose la question de la valorisation, qui passe par le travail du cheval et le cas échéant, sa sortie en compétition. Si vous avez les compétences pour entraîner votre jeune cheval et le sortir en concours, bien sûr, c’est l’idéal. Dans le cas contraire, si vous souhaitez quand même valoriser votre jeune cheval, vous devrez opter pour une pension “travail/valorisation” (ou faire venir très régulièrement un cavalier pro chez vous si le cheval est hébergé chez vous).
Si vous souhaitez qu’il soit valorisé par un professionnel sur un circuit de compétition réservé aux jeunes chevaux sur son année de 4 ans, prévoyez un budget pour : le transport, la location du box, l’engagement, le cavalier qui va le monter. À raison de 10 compétitions environ dans la saison avec une éventuelle finale nationale, c’est un poste de dépense à ne surtout pas négliger.
II. Récapitulatif des coûts de production d’un poulain
Comme vous avez pu le voir ci-dessus, les prix varient énormément en fonction de nombreux paramètres. Nous avons donc tenté de dresser un récapitulatif présentant la fourchette basse et la fourchette haute. Et on voit à quel point ça peut varier…!
1. La saillie.
2. La gestation de la jument.
3. Le poulinage et les 6 premiers mois de vie du poulain.
4. De 6 mois à 3 ans de vie du poulain.
5. Le débourrage et la valorisation.
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> En fonction de votre projet, de votre discipline, de vos choix (d’hébergement notamment), les coûts varieront de manière très importante.
> La période de valorisation de votre jeune cheval est la plus onéreuse. Si votre objectif est la vente de votre poulain, gardez à l’esprit que son prix de vente sera impacté par ses résultats sportifs.