La fertilité de l'étalon

13/07/2023

Tout éleveur ou futur éleveur, avant de choisir un étalon pour sa jument, établit différents critères qui influenceront sa décision finale, et la fertilité de l’étalon est un élément important qui conditionne de manière directe la réussite d’un projet d’élevage. De nombreux aspects entrent en jeu dans la fertilité de l’étalon et il est recommandé d’en avoir connaissance pour faire son choix en toute connaissance de cause. 

fertilité étalon 
Source : IFCE.

Sommaire

I. Les facteurs de variation de la fertilité de l'étalon.

II. L'impact des techniques de monte.

III. La prédiction de la fertilité d'un étalon.

IV. Calcul de la fertilité d'un étalon.

  1. La fertilité par chaleur.
  2. La fertilité fin de saison de l'étalon.
  3. La fertilité apparente.

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I. Les facteurs de variation de la fertilité de l'étalon

La fertilité d’un étalon est sa capacité à féconder des juments, et plusieurs facteurs auront une influence sur la fécondité : la technique de monte choisie, la qualité de la semence de l’étalon, et bien sûr, la fertilité de la jument (article à venir sur la fertilité de la jument !).

 

Plusieurs éléments ont une influence sur la qualité de la semence : 

  • la race de l’étalon : en moyenne, les étalons de races lourdes ont une qualité de semence moindre en comparaison aux étalons plus proches du sang dont font partie les chevaux de sport.
  • l’âge : l’étalon atteint sa maturité sexuelle autour de 5 ans (entre 4 et 5 ans, la taille de ses testicules augmente, et la quantité de spermatozoïdes produits aussi). Entre 5 et 12 ans, on observe une légère croissance, puis un plateau jusqu’à 15 ans. Entre 15 et 20 ans, la qualité de la semence décroît. 
  • les variations individuelles : la santé physique et mentale de l’étalon ont un impact direct sur la qualité de la semence produite.
  • la médication de l’étalon : certains traitements/médicaments peuvent avoir un impact sur la qualité de la semence
  • les conditions de récolte : plus l’excitation sexuelle est importante, plus le volume de sperme produit augmente (ce qui diminue la concentration en spermatozoïdes).
  • la fréquence de collecte : la qualité de la semence d’un étalon prélevé régulièrement sera en moyenne meilleure que celle d’un étalon prélevé occasionnellement. Cependant, il faudra 10 jours de récolte consécutive pour que le nombre de spermatozoïdes soit stabilisé. 
  • la saison : la production de spermatozoïdes est plus élevée pendant la saison de monte qu’en hiver. En pleine saison de monte, le volume de l’éjaculat est 40% plus élevé qu’en décembre, le volume de gel (excitation sexuelle) est également augmenté, de même que le plasma séminal (la concentration en spermatozoïdes est donc diminuée).

 

II. L'impact des techniques de monte

On compte 6 techniques de monte différentes (plus d’informations sur chaque technique dans notre article sur Les techniques de reproduction) :

  • L’IAC (insémination artificielle congelée) : le taux de réussite est de l’ordre de 45% en moyenne pour l’insémination de 8 paillettes (400 millions de spermatozoïdes). Avec une unique paillette, le taux de réussite descend à 25%.

Bon à savoir : sur un même éjaculat, la mobilité des spermatozoïdes peut varier de 19 à 63 %, d’où l’intérêt d’acheter 8 paillettes pour compenser cette hétérogénéité. En achetant une unique paillette, les chances sont d’autant plus importantes de tomber sur des spermatozoïdes très peu mobiles.

Variabilité des paillettes d'un même éjaculat - étalonSource : IFCE*

  • L’IART (insémination artificielle réfrigérée transportée) : le taux de réussite est de 50% (et si elle est utilisée 24h après la récolte, le taux est réduit à 30%)
  • L’IAF (insémination artificielle fraîche) : le taux de réussite est de 55%
  • La monte en main : le taux de réussite est de 55% également
  • La monte en liberté : le taux de réussite est de 90%.

 

III. La prédiction de la fertilité d'un étalon

Le spermogramme est un examen des caractéristiques séminales de l’étalon : on y observe le comportement de l’étalon, la quantité et la qualité des spermatozoïdes, l’activité des glandes annexes. 

Réaliser un spermogramme sur un étalon que l’on destine à la reproduction permettra de renseigner l’étalonnier sur de nombreux points :

  • la motilité des spermatozoïdes : une motilité saine correspond à 60/70% de spermatozoïdes capables de se déplacer en ligne droite. À moins de 50% de motilité, on l’estime problématique.
  • le nombre de spermatozoïdes présents dans un éjaculat : s’il existe des variations en fonction de l’âge, de la taille des testicules, de la saison, etc., on souhaite idéalement avoir une concentration de 10 à 20 milliards de spermatozoïdes par éjaculat.
  • la taille des testicules, qui évolue en fonction de l’âge mais aussi au cours d’une même année
  • la structure des spermatozoïdes : 50% d’entre eux doivent avoir une structure saine
  • une prise de sang qui permettra (entre autres) de tester l’étalon pour l’AVE (artérite virale équine)
  • une analyse bactériologique

Attention, le spermogramme ne permet pas de juger de la fertilité d’un étalon, mais de prédire sa capacité à être utilisé comme étalon reproducteur, en le plaçant au sein d’une population de référence pour chaque critère. 

 

IV. Calcul de la fertilité de l'étalon

1. La fertilité par chaleur

Le meilleur indicateur de la fertilité d’un étalon est le calcul de la fertilité par chaleur. Il s’agit du pourcentage de chance qu’un étalon possède de féconder une jument à chaque cycle utilisé. Le calcul de la fertilité par chaleur peut être calculé à tout moment, mais ne devient très précis qu’à partir de 150 cycles. Le calcul de la fertilité par chaleur nécessite au moins 20 cycles à résultats connus.

Selon l’IFCE* : 

Nombre de chaleurs fécondées (1)

—-------------------------------------------------    X 100

Nombre de chaleurs à résultat connu (2)

1. Il s’agit du nombre de chaleurs suivies d'une gestation, y compris les gestations précoces suivies d'un perte embryonnaire précoce.
2. Ne sont pas comptées dans ce total les chaleurs sans renseignement (c'est-à-dire les chaleurs utilisées dont on ne connaît pas le résultat).

 

2. La fertilité fin de saison de l'étalon

On la calcule à la fin de la saison ou à l’automne. Il s’agit du pourcentage de chances que la jument soit pleine à la fin de la saison.

Selon l’IFCE*, on la calcule comme suit : 

Nombre de juments pleines en fin de saison + Nb de JSR(3) X (Fertilité par chaleur)

----------------------------------------------------------------------------------    X 100

Nb de total de juments saillies 

3. JSR : jument sans renseignement. 

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À savoir :

Un étalon peut avoir une très bonne fertilité par chaleur et une mauvaise fertilité fin de saison. En réalité, le calcul de la fertilité par chaleur permet de connaître la fertilité de l’étalon, tandis que le calcul de la fertilité fin de saison informe sur la qualité du suivi des juments fécondées

Exemple  : si un étalon a une fertilité par chaleur de 50%, il a fécondé 50 juments sur 100 sur les premières chaleurs. Si les 50 juments restées vides après ce premier cycle sont à nouveau inséminées, 25 d’entre elles seront pleines, ce qui fera évoluer le taux de fertilité de l’étalon à 75%.

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3. La fertilité apparente

La fertilité apparente relève du calcul suivant :

Nombre de naissances déclarées + nombre d’avortements déclarés

-------------------------------------------------------------------------------    X 100

Nombre total de juments saillies 

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Conclusion

  • Les résultats du spermogramme sont un bon indicateur de la fertilité potentielle intrinsèque de l’étalon.
  • La fertilité par chaleur est également intéressante, mais est déjà biaisée par la fertilité de la jument, la technique de monte, le niveau d'expertise de l'inséminateur, etc. 
  • La fertilité par saison ainsi que la fertilité apparente sont très biaisées par la gestion des juments et leur propre fertilité. 

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*Institut Français du Cheval et de l'Équitation.